Monsieur le Président, Monsieur le Ministre Ohki,
Mes chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes ici réunis pour atteindre un objectif global. Nous sommes ici pour donner vie à une Convention endormie.
Cela fait maintenant cinq ans que la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement s’est tenue au Brésil. Cette rencontre a débouché sur un partenariat global, un partenariat à responsabilités communes mais différenciées.
Aujourd’hui pourtant, la mise en œuvre de la Convention par les pays développés a beaucoup déçu.
En effet, à part quelques exceptions remarquables, les Parties de l’Annexe I ne tiendront pas leur engagement de retour aux niveaux d’émission de 1990 d’ici à l’an 2000.
Effectivement, la première Conférence des Parties à Berlin en 1995 a décidé qu’un simple objectif de stabilisation n’était pas adéquat et que des objectifs de réduction des émissions devaient être fixés pour les années 2005, 2010 et 2020.
Le processus de négociation qui doit aboutir ici à Kyoto a été mis en route afin de préparer un Protocole comprenant ces objectifs, et nous espérons toujours que cet exercice s’achèvera avec succès dans les deux prochains jours, bien que les mêmes vagues promesses du passé aient été répétées.
Afin de faire avancer les objectifs de la Conférence, le Brésil a proposé qu’il soit établi un lien direct entre la cause du changement climatique – les émissions anthropiques de gaz à effet de serre au-dessus de leurs niveaux pré-industriels -, et ses conséquences – le changement climatique mesuré par la hausse de la température à la surface de la Terre. Cela sera examiné dans un futur proche.
Monsieur le Président,
Cette condition s’avère essentielle pour le juste partage de la charge entre toutes les Parties à la Convention, proportionnellement à leurs responsabilités relatives quant à la hausse de la température et du niveau moyen de la mer.
La crédibilité ne pourra exister dans cette phase que si les réductions convenues ici sont exécutées et contrôlées au long d’une période raisonnable.
La différenciation des responsabilités à l’égard du réchauffement global a, en effet, une dimension temporelle, et on ne doit pas exiger des pays en développement de se fixer des objectifs avant que les actions des pays de l’Annexe I ne démontrent qu’ils sont en train de tenir les engagements de réduction adoptés ici.
Quant aux pays en développement, appelés « pays hors Annexe I », la Convention sur les changements climatiques comprend des engagements les concernant.
Le Mandat de Berlin détermine uniquement que les pays hors Annexe I continuent la mise en œuvre des objectifs de la Convention.
En ce qui concerne les mesures de politiques publiques, les efforts des Parties hors Annexe I afin d’atténuer le changement climatique sont probablement plus importants que ceux faits par les pays de l’Annexe I.
Nous, le Groupe des 77 et la Chine, présentons une proposition innovante, à savoir l’établissement d’un fonds de développement propre qui nous permettrait de croître en suivant une voie plus propre que celle qu’ont adoptée les pays développés. Cela est de l´intérêt global de tous les pays.
Conformément à la proposition brésilienne, le Fonds de Développement Propre serait mis en place en utilisant des ressources fournies par les pays de l’Annexe I, proportionnellement au niveau de non accomplissement des objectifs d’émission qu’ils se seraient fixés.
Il est très important que ce fonds ne soit pas utilisé comme un instrument dont les pays de l’Annexe I pourraient se servir afin d´éviter de réduire leurs émissions. Des efforts supplémentaires doivent donc être réalisés pour mettre à profit les possibilités d’échange d’émissions entre eux, pour qu’ils ne s’écartent pas de leurs objectifs de réduction.
On a beaucoup parlé ce matin de la nécessité de préserver la crédibilité. Crédibilité scientifique et engagement. Effectivement la crédibilité est le point central.
Nous devons tous faire avancer les choses. Pourtant cela revient avant tout aux pays développés. Nous sommes déjà embarqués, mais nous serons prêts à accepter de nouveaux engagements dans l’avenir seulement lorsque les engagements déjà existants seront réellement accomplis.