Devenir partie de l’UNFCCC
Le Sommet de la Terre (la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement tenue à Rio de Janeiro) ayant eu lieu au Brésil, il a été aussi le premier pays à signer la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), le 4 juin 1992 . Elle a été ratifiée par le Congrès Brésilien le 28 février 1994 et est entrée en vigueur pour le Brésil le 28 mai 1994.
Instituer une Coordination Nationale
Le 21 juin 1994, la Commission Interministérielle pour un Développement Durable (CIDES) a été créée au Brésil , par un
Décret Présidentiel. Elle vise seconder le Président de la République dans le processus des décisions sur les stratégies et les politiques nationales nécessaires au développement durable en accord à l’Agenda 21. Trois centres de coordination ont été créés dans ce nouveau comitê: la Coordination des Sujets Internationaux (à la charge du Ministère des Rélations Extérieures) afin de coordonner les travaux d’élaboration et définition concernant les positions brésiliennes en vue des négociations internationales; la Coordination des Changements Climatiques (à la charge du Ministère des Sciences et Technologie) afin de coordonner la mise en application des engagements découlant de la CCNUCC; et la Coordination de la Biodiversité (à la charge du Ministère de l’Environement, des Ressouces Hydriques et de l’Amazonie Légale) afin de coordonner la mise en application des engagements brésiliens à la Convention sur la Biodiversité.
En août 1994, une unité de coordination – Coordination de Recherches en Changements Climatiques Mondiaux – a été créée dans le Ministère des Sciences et Technologie afin de coordonner les efforts pour la mise en oeuvre de la Convention sur les Changements Climatiques au Brésil.
Organiser le Travail pour la Mise en Oeuvre de la Convention
En tant qu’un pays en développement, l’engagement premier du Brésil est celui d’établisser (et mettre à jour périodiquement), les inventaires d’émissions anthropiques par ses sources et de l’absorption par ses puits de tous les gaz à effet de serre non réglementés par le Protocole de Montréal, et informer les mesures prises ou envisagées à la mise en oeuvre de la Convention. Ces deux travaux constituiront, comme elle est nommée, la Communication Nationale du Brésil à la CCNUCC.
Pour faire face à ses engagements, le Brésil est devenu partie du "U.S.Country Studies Program Initiative – USCSP – par la voie d’ un accord de coopération bilatérale signé en mai 1995, visant l’appui technique et le financement pour la préparation de l’inventaire brésilien d’émissions de gaz à effet de serre. Cependant, l’aide financière définie à l’accord n’a pas été suffisante pour faire face aux coûts d’un inventaire complet estimé en US$ 7 millions, y compris toutes les contributions en espèces du gouvernement brésilien concernant, par exemple, l’acquisition d’images et le traitement des données satellitaires , le bénéfice de toutes les activités étant développées dans les institutions brésiliennes, l’utilisation de l’espace physique, de l’équipement et les coûts de personnel affecté à ce service.
Par rapport aux fonds additionnels nécessaires, une proposition de projet de renforcément de capacités a été mené avec le concours du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), en juin 1995. Cette proposition a été ,alors acheminée au Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), l’organisme financier provisoire de la Convention. Peu de temps après, le FEM a envoyé une commission technique à Brasília pour analyser la proposition du projet brésilien.
Cette mise en revue technique a abouti à un consensus sur les coûts très élévés rélatifs à l’établissement de l’inventaire dans un pays continental , le cas du Brésil, ayant une surface de 8,5 millions de kilomètres carrés, les villes étant très eloignées les unes des autres (normalement à distances supérieures à 1000 km). Les coûts estimés pour que des rencontres auraient lieu au Brésil ont été aussi beaucoup élevés, surtout en raison du besoin de réunir des experts de différentes régions du pays.
Il a été accordé le patronnage, de la part du FEM , d’une petite partie (20%) destinée à l’établissement de la Communication Nationale, la proposition brésilienne ayant son approbation en octobre 1995. Le projet a été acheminé au FEM à la fin du novembre 1995 et , finalement, approuvé en juin 1996.
Identifier les probèmes
Les probèmes ont commencé à surgir presque immédiatement au début de la préparation du travail rélatif à la mise en oeuvre de la Convention.
Le Sommet de la Terre, ayant eu lieu au Brésil, les brésiliens ont eu une idée générale concernant les questions du réchauffement mondial et de l’appauvrissement de la couche d’ozone. Mais, en général, ils ne sont pas au courant des questions ou de la Convention sur les Changements Climatiques. Il s’agit d’un sujet technique, difficile à comprendre même pour les spécialistes. En plus, l’information disponible en portugais (la langue officielle brésilienne) est encore assez insuffisante.
Les premiers efforts pour sensibiliser les institutions et les spécialistes (dans le projet USCSP, comptant même sur l’appui du directeur du Programme et ses collaborateurs) ont été très difficiles à mener dû à la méconnaissance par rapport aux engagements brésiliens à la Convention et à la législation concernant les coûts et les bénéfices touchant les institutions participantes.
Les changements climatiques n’étant pas un sujet prioritaire au Brésil a posé encore un autre obstacle vu l’existence des sujets beaucoup plus urgents dans le domaine socio-économique tels que l’érradication de la pauvreté, la santé et la faim. Ce fait se réflet
dans le budget brésilien qui n’a pas de ressources disponibles à la préparation de la Communication Nationale et qui, en outre, devraient être disponibilisées par l’organisme financier provisoire à la Convention en vertu de l’Article 4.3 . Une fois que le Congrès brésilien a ratifié la Convention, il serait très difficile de demander les ressources additionnelles concernant cette activité. À ce sujet, ces ressources ne sont obtenues qu’avec une preuve d’amélioration des activités existentes prévues dans le budget brésilien actuel pour, ainsi, inclure les activités de préparation de l’inventaire. Évidemment qu’une nouvelle discussion sur le budget répresenterait un effot de plus à chaque institution concernée.
Par rapport à cette question, nous avons un autre défi concernant les experts vu qu’ils sont liés à d’autres projets socio-économiques et, donc, prioritaires. En donnant un exemple, il est très difficile, de déplacer le personnel travaillant dans la mise au point de la technologie agricole à un travail d’évaluation des émissions.
Une question aussi importante concerne le fait du Brésil ne pas être un grand producteur d’émissions, vu qu’il est un pays tropical, ayant des hivers modérés et cours d’eau en abondance et ayant 60% de sa source énergétique renouvelable. Plus de 95% de l’électricité brésilienne est produite par des usines hydroélectriques et il y a une large utilisation de la biomasse ( le programme de l’alcool, l’utilisation du trognon de la canne-à-sucre à la production de la vapeur, l’utilisation du charbon végetal dans l’industrie sidérurgique, etc.) Des programmes de conservation de l’énergie cherchent à améliorer la production et les taux de consommation au Brésil.
D’autre côté, il y a le principe bien établi à la Convention et aussi bien accepté par le Brésil, dont il appartient aux pays développés d’être à l’avant-garde de la lutte contre les changements climatiques et leurs effets néfastes, et encore le principe des responsabilités communes mais différencées. À l’égard du Brésil, cela veut dire que les émissions produites avant le début de l’ère industrielle (soit, les années 40) doivent être considérées, une fois que la Convention vise les émissions des gaz à effet de serre qui remontent plus de 140 ans.
La préparation de la Communication Nationale est un effort énorme.
Malgré l’existence d’une méthodologie de pointe pour l’estimation des émissions des gaz à effet de serre élaborée par le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC), ses directives si générales ne sont pas adéquates au Brésil dans certaines circonstances.
Si l’on considère par exemple, le brûlage du "cerrado" (*), il est très difficile de le classer dans les deux catégories définies par le GIEC: anthropique ou naturelle. Certains brûlages conseillés pour le "cerrado" (très fréquents à la saison sèche comme un moyen de faire repousser l’herbe pour l’élèvage) n`arrivent pas à être contrôlés et se répandent sur des surfaces énormes, étant aggravés par la basse humidité de l’air à cette époque (l’année dernière, elle est arrivée à 7%). Au début de la saison des pluies, les orages sont très fréquents, les éclairs provocant du feu. Dans ce sens, la différenciation entre les brûlages naturels et anthropiques sont difficiles à déterminer et l’application du concept défini par le GIEC concernant les émissions devient impraticable.
(*) N.T.: végetation typiquement brésilienne
Un problème de plus concerne la dimension des régions à être considérées dans l’inventaire. La surface de "cerrado" au Brésil est de 2 millions de kilomètres carrés; la Forêt Amazonienne comprend 3,5 millions de kilomètres carrés et les coûts estimés pour la collecte de données sont impraticables. Il y a cinq endroits dans cette forêt qui sont étudiées actuellement par l’Institut National des Recherches Spatiales (INPE). L’accès à ces surfaces étant très difficile et le besoin de transporter les équipements propres à chacun d’eux rend ce processus trop cher et peu pratique (sans mentionner qu’il est dangereux et les chercheurs risquent d’attraper le paludisme). Au total, les coûts rélatifs aux processus de collecter, sècher et peser les espèces sont supérieurs à US$ 100.000 par hectare.
L’utilisation des images satellitaires pour l’évaluation de lnventaire est une sollution prise en considération par le Brésil. L’INPE développe cette méthodologie depuis 1989 et une large expérience est acquise actuellement à ce sujet. Néanmoins, elle ne s’applique qu’ au déboisement de la Forêt Amazonienne. Pour l’évaluation des émissions concernant le déboisement du "cerrado", les problèmes ne se ressemblent qu’aux dimensions de surface. Cela se doit à la densité différencée entre la vegétation du "cerrado"et celle de la Forêt Amazonienne et en raison des problèmes nouveaux tels que la fumée, le contraste des rayonnements infrarouges des satéllites artificiels, les interprétations érronnées par rapport aux surfaces de repousse, etc.
En plus, nous avons l’ampleur de la classification végetale de la Forêt Amazonienne. Si l’on observe les cartes détaillées de la végetation amazonienne, nous aurons (encore que dans une échèlle agrégée) plus de 30 types différents de forêts, chacune ayant un contenu différent de biomasse/hectare et conséquemment, un contenu différencé de carbone. Dans la méthodologie que nous proposons, les cartes des végetations sont surposées aux cartes des surfaces déboisées. Cependant, cela n’est pas encore suffisant; pour avoir la biomasse de plusieurs types de végetation, un travail sur place et des recherches en laboratoire doivent être menés.
Les évaluations de biomasse et de carbone existants dans la Forêt Amazonienne sont encore faibles (ainsi que celles concernant autres types de végetations dans des régions différentes) et normalement elles sont faites dans les régions voisines aux principales villes de l’Amazonie (où se trouvent les universités) et ainsi elles ne donnent pas le réel contenu de biomasse existante dans les régions déboisées.
Un autre problème très courant dans les pays en développement concerne l’information dont l’actif est très cher. Voici une question importante dans quelques secteurs, surtout à cause d’un marché très faible (étant le cas de l’utilisation non-commerciale de l’énergie au Brésil comme le charbon végetal et le charbon du bois) mais aussi quand la recherche d’informations est un grand effort.Cela s’applique toujours à la gestion des résidus qui, parfois, est à la charge des départements tellement pauvres ne comptant pas sur la technologie (et des ressources financières non plus) pour la collecte de données. Cela se passe aussi avec l’élevage, une activité très usuelle dans tout le pays et quelquefois n’ayant pas une orientation pour le marché. À ce sujet, la distribution géographique et les pratiques de gestion de l’élevage n’ont pas été encore recherchées au complet surtout à cause des coûts estimés concernant une population d’animaux de plus de 150 millions.
Une autre difficulté est dûe aux conditions singulières dans beaucoup de pays, y compris le Brésil où la méthodologie du GIEC ne s’applique pas à certaines parties de l’inventaire national et nous en donnons quelques exemples:
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le Brésil a plus de 5.000.000 de voitures à l’alcool;
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l’essence brésilienne ordinaire est mélangée en volume de 22% d’alcool anhydre;
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le Brésil possède une tradition ancienne de la production de canne-à-sucre (depuis le XVIIème. Siècle) et son trognon est largement employé à la production de vapeur dans les usines et dans la distillerie;
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le Brésil est un puissant producteur d’acier et une partie de sa production utilise le charbon végétal comme source d’énergie et réduction du minerai de fer;
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le Brésil est un puissant producteur de fer de fonte brute et utilise le charbon végétal produit par des fourneaux rudimentaires;
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les universités brésiliennes développent des projets de recherche sur les émissions de méthane des usines hydroélectriques dans la région amazonienne.
Voci quelques exemples où la méthodologie du GIEC n’est pas applicable à l’inventaire brésilien d’émissions . En plus, ses valeurs
rélatives à la forêt tropicale et à l’élevage dans l’Amérique Latine se basent sur les évaluations des émissions actuellement disponibles au Brésil ne pouvant pas être employées dans l’ensemble du pays et encore moins dans le continent tout entier.
Le Brésil étant, d’un côté, un pays en développement et par ailleurs ayant une économie très complèxe et dynamique constitue un problème de plus. Il est l’un des plus grands producteurs mondiaux dans les secteurs producteurs d’émissions tels que le ciment, l’aluminium, les produits chimiques et pétrochimiques, le pétrole (plus de 850.000 tonneaux/jour). Dans le secteur agricole, la riziculture est l’une des plus grandes du monde (8ème. producteur mondial); dans le cas du Brésil, les émissions produites par la riziculture ne sont pas remarquables grâce à la méthode employée (riziculture sèche).
Ce répertoire de difficultés entraîne un autre problème. La préparation d’un inventaire complèt d’émissions des gaz à effet de serre est un effort multidisciplinaire dans toutes les régions du pays.
En effet, ce sont plus de 60 institutions et 300 experts environ se consacrant actuellement à la tâche d’établisser la Communication Nationale. Provenants des différents secteurs (énergie, industrie, agriculture, gestion des résidus ou foresterie) ces experts ont des formations professionnelles diférentes et, normalement, ne sont pas conscients des questions sur les changements climatiques, n’étant pas aptes à telle charge, n’étant pas au courant de la Convention et des engagements brésiliens non plus.
Identifier les solutions
En résumé, une nouvelle approche se fait nécessaire devant la complexité de ce travail au Brésil. On a conclu que cette approche devrait faciliter la coordination du processus d’établissement de la Communication Nationale. Ce travail tient en compte la localisation géographique des institutions et des experts et, surtout son caractère multidisciplinaire rélatif au savoir-faire. Un seul coordinateur ne serait pas capable (indépendemment de sa connaissance ou sa compétence) de s’occuper de toute l’information disponible et sa mise en revue, et encore assurer la qualité du travail effectivement fait dans tous les secteurs concernés.
Un grand effort est aussi nécessaire en vue de la publication en langue portugaise de toutes les informations concernant les changements climatiques qui aideraient non seulement à la préparation de la Communication Nationale du Brésil, mais aussi dans le sens de promouvoir la sensibilisation du public en général.
L’accord international avec l’USCSP a apporté tant des avantages que des inconvéniants. D’un côté, il offre l’aide des experts et la mise en revue technique étrangère. Par ailleurs, le besoin de produire des rapports en langue anglaise pose une nouvelle difficulté depuis le début du projet.
Pendant les premières discussions sur la proposition de renforcement des capacités pour appuyer le Brésil à la préparation de sa Communication Nationale, des experts du PNUD et du FEM ont suggèré l’utilisation de la vidéoconférence ou la télévision "exécutive" (technologie existante au Brésil).
Cette idée était très intéressante mais avait des inconvéniants tels que les coûts élevés, la technologie intensive et la difficulté de mise en oeuvre dans les petites villes. Cependant, la bonne direction pourrait être trouvée. Il vaudrait la peine de développer cette idée.
On a commencé à penser à la possibilité de s’en servir de l’internet. Il était septembre 1995 et elle commencait à s’épanouir au Brésil. Il y avait un avantage institutionel qui pourrait nous bénéficier: le réseau brésilien de recherche en sciences et technologie (entre les universités fédérales) était déjà géré par le Ministère des Sciences et Technologie – MCT, l’organisme responsable de la mise en oeuvre de la Convention sur les Changements Climatiques au Brésil. Ce Ministère était responsable aussi du réseau d`accès à l’internet au Brésil. Ainsi, il y avait le savoir-faire et le fournisseur d`accès disponible.
Un autre avantage concernait les coûts très bas: cette démarche demanderait un travail intensif au lieu d’une technologie intensive, basé surtout sur l’emploi du logiciel et des ordinateurs disponibles partout dans le Brésil, comptant sur le personnel compétant de ce Ministère.